Radio Content (avec Eddy Moniot)
Jeudi 23 janvier, l’ISTC a accueilli Eddy Moniot, grand vainqueur du concours d’éloquence «Eloquentia» en 2015 !
Atelier débat, radio content, cours de théâtre… Les étudiants ont notamment pu participer à une présentation de « Radio Content » : un exercice de style en 1 minute chrono.
Voici ci-dessous quelques extraits de textes :
-> Celui d’Agnès, prix « Coup de coeur » du jury :
Mon père ramena de sa boutique une orange. Fruit de jus, fruit de bouche, avec ou sans pépin, sanguine ou acide, c’est à la première bouchée qu’on associe son goût à son coloris. Un goût douloureux, celui d’une lenteur morte, pressé entre deux remords. Juteux, excitant, sucré, c’est avec les sens saturés que je tombais dans le fruit d’un amour coloré. Ses vitamines filaient dans mes veines. Ses agrumes et ses pigments ont donné raison à Proust et à sa madeleine. Mon corps entier vibrait, je restais immobile. Mon retour à la réalité fut causé par la vibration de mon mobil. Orange me notifie d’une alerte orage. Accourant à la fenêtre, je la vis, éclairant mon visage. L’orange avec un grand O. Celle qui traverse les nuages et n’a pas peur de tomber de haut. Celle qui d’un orange profond ose défier les orages et ses rebonds. Ma main s’éleva pour attraper ce qui ne m’appartenait pas. D’un geste naïf qui peut paraître égoïste, je tentais de la cueillir. J’empoignai le fruit rond, laissant plonger dans le noir notre monde. Le soleil était dans le creux de ma main, confisqué par adulation. Le temps d’une seconde, l’orange de mon père a laissé place au fruit de mon imagination.
-> Celui d’Adèle et Jeanne, 2ème prix du jury :
« Bonjour à toutes, bonjour à tous. Je suis très contente d’être sur Radio Content. Espérons qu’elle vous contente, en un court temps.
Je vais vous parler de quelque chose d’important. Nul doute que vous trouverez ce sujet impactant.
Savez vous quelle est cette chose qui nous rassemble et nous ressemble ?
Quelque chose que l’on mâche, qui parfois tâche mais quelque chose qui, à ce que je sache, jamais ne la fache ou ne la lâche. Celle qui me hante quand elle est loin et qui me tente quand elle l’est moins. Plats délicieux, cadeaux des cieux, la nourriture, quelle pourriture.
Mais souffler sur un soufflé sans qu’il s’essouffle et retombe, le fait d’être assoiffée, me fait l’effet d’une bombe.
Vas-tu faire venir ce sujet à l’avenir ? Il arrive, je vous le livre, mais il m’enivre. Serait-elle ivre ? Attention à la tentation. Son addiction est une malédiction. À consommer avec modération ! Tant de diversité tant en hiver qu’en été, Tout ce qui a été conté, mais qu’en est-il du comté ? La seule chose qui comptait c’était le temps mais compte tenu de ta gourmandise, crois-tu qu’1 minute suffise ? »
-> Celui d’Antoine et Emma, 3ème prix du jury :
« On n’y peut rien
On n’y peut rien me direz vous
Car tout est une histoire de sous
C’est trop tard de toute façon
On sait que ce n’est pas bon
On consomme, on jette, on détruit et on construit
Mais on n’y peut rien c’est l’évolution de la société qui nous y a conduit
Ici ou la bas on ne peut pas revenir en arrière
On risquerait de se retrouver les quatre fers en l’air
Tiens d’ailleurs en parlant d’air, toi tu crois que t’en respiras encore combien de temps?
Quand tu vois qu’a New Delhi tu dois payer pour inhaler de l’air non pollué
Et voila encore une histoire de thune
Le mot victime tu verras a la Une
Mais en réalité tu préfères ne pas y penser c’est plus facile de se lever et de pas regarder plus loin que ses pieds
Tu check les infos et tu t’aperçois que les médias parlent d’une certaine Greta
Symbole d’une génération qui en a marre de n’être qu’un pion
Elle se prend pas mal de critiques
Évidemment, plus facile que dfaire d’la politique
Economie, ecologie, réchauffement climatique
D’un coup tu sens que la ca pique
Mais on n’y peut rien me direz vous
Peu a peu on devient fou
Alors on se dit que Seuls les grands ont le pouvoir
Et on préfère ne pas trop voir pas trop savoir
Pendant ce temps la banquise fond, la forêt brûle, la planète chauffe, les espèces disparaissent et les catastrophes naturelles s’accumulent
Pourquoi personne n’ose le dire que la race humaine dotée dson intelligence et dsa conscience se retrouve juste nulle. »
-> Celui d’Ilona, au sujet de l’avenir :
« On me parle souvent d’avenir,
Mais laissez moi vous faire un aveux :
Je n’ai pas la moindre idée de ce qui est à venir,
Puisque je ne sais ce que je veux.
A vrai dire j’avance aveuglément
Car un avantage à mon âge,
est que l’on peut s’aventurer malgré les avertissements.
Aviateur, aviculteur, ou avocat
Qu’importe nos voeux tant que l’on est heureux.
Car il n’y a pas de recette…
N’avoir aucun regret, ne pas reculer, seulement rebondir et recommencer
Sans jamais renoncer afin de ne pas tous se ressembler.
Vis à vis d’autrui soyons aimables et sensibles
Car le visible est parfois invivable ou indicible,
D’ailleurs ensemble tout est envisageable
Et si l’avenir est instable pour l’instant une chose et sure
Suivons notre instinct et instaurons de bonnes habitudes.
En étant les instigateurs de changements et en s’instruisant, nous n’aurons pas un stop,
Seulement une vie satisfaisante. »
-> Celui d’Alice, une belle leçon de vie :
« Aujourd’hui il faut y croire
Il ne suffit pas de croiser les doigts
Mais juste de creuser pour se surpasser
Arrêtons de mettre des croix où il n’y en a pas
Cessons d’être cru avec nous-même
Il suffirait juste qu’on s’aime
Semons alors la réussite plus tôt que la panique
Crions, créons, crânons car nous ne sommes plus des hommes de Cro-Magnon
Ne craignons plus de croire en nous
Mais craignons plutôt de notre capacité à y croire
Pas besoin de critère qu’importe le sexe soyons fières
Même si l’on finit par craquer et tomber il faut toujours se relever
Alors relevons le défi de se surpasser
Passer d’une étape à l’autre
Jusqu’à atteindre satisfaction
Parce que oui la satisfaction n’est pas une fiction
Fixons alors les bons objectifs sans être craintif
Sans espoir la vie ne serait que dérisoire
Désirons-nous et croyons tout simplement en nous
Alors oui mes amis, il faut y croire aujourd’hui »
-> Celui d’Alexis, prix « Il a tout d’un grand » du jury :
« En cet après-midi, je suis prêt à parler de mes nuits.
Mes nuits pleines d’insomnies, où je pensais aux calomnies,
Aux moqueries, aux idioties, aux manques de sympathies.
Tous ces sentiments négatifs gâtaient mon esprit vif,
À cause de jugements hâtifs.
C’est en parlant au narratif que je narre l’histoire de mon passif.
Un passif d’enfant mis de coté, sur le bas-coté,
En encaissant sans être cassant,
Se laissant faire, se laissant taire, le genoux à terre,
Des moqueries les plus amères.
Le harcèlement, cette garce qui nous ment,
Où le tunnel vers la sortie est dément,
L’enfant harcelé est incarcéré,
Tel un cadavre qui pourrit en carcel.
Alors, en cet après-midi,
Je vous susurre une suggestion,
Celle de se souvenir de ces paroles,
Sensibles et censées,
D’un gamin qui a subit le sort d’être harcelé. »
-> Celui de Charles-Cédric :
« Justice est-elle toujours rendue ?
Avez-vous un jour trouvez que ce monde était injuste ?
A votre regard, je crie au OUI général.
Nous connaissons tous quelqu’un si ce n’est nous même qui a été victime d’une agression.
Une personne qui ne pouvait pas se défendre ou alors une personne qui s’est défendue et en a payer les frais.
Je vous le demande alors, elle est où la justice ?
Elle est où la justice, lorsque le 15 Novembre 2018, j’ai été victime d’une tentative d’agression sexuelle ?
Elle est où la justice, lorsque le 15 Novembre 2018, j’ai été en garde à vue harcelé de questions parce que je me suis défendu pour éviter de me faire violer ?
Elle est où la justice lorsqu’on m’interroge sur mes orientations sexuelles et sur mes origines alors que je suis en état de choc ?
Elle est où la justice lorsque le 21 Novembre 2018, des jeunes rigolent lorsque je m’exprime à la barre parce qu’on a tenté de me salir ?
Elle est où la justice lorsqu’un individu enregistré en tant que prédateur sexuel échappe à la prison parce que je l’ai neutralisé ?
Je vous pose la question une énième fois, elle est où la justice ?
Vous me direz peut-être que je ne suis qu’un cas isolé et que je m’apitoie sur mon sort.
Mais resterez-vous sur votre position lorsque je vous affirmerai que 100 000 personnes ont été violées en 2018, que seulement 10% d’entre elles osent porter plainte et que seulement 10% de ces plaintes aboutissent ?
Je vous l’affirme, 1 violeur sur 100 est condamné.
Analogiquement, cela signifie 1% de chance de se faire emprisonner et donc 99% de chance de violer sans aucune conséquences si ce n’est ruiner la vie d’autrui.
Vous l’aurez compris, ces statistiques prouvent que violer est clairement rentable, les probabilités d’être condamné étant aussi faible que les probabilités de gagner au loto.
Et non je l’affirme, je n’ai pas choisis ce sujet pour clamer ma souffrance car j’ai su passer outre et aller de l’avant.
Oh non, bien au contraire je le fais pour toutes ces personnes qui souffrent en silence et pour vous sensibiliser à cette injustice sociétale.
Avant que ça ne nous arrive, on pense tous que ça n’arrive qu’aux autres.
Hélas c’est en pensant ainsi qu’on ne se prépare pas au pire et que de la lumière surgit une obscurité profonde.
Ma seule erreur le 15 Novembre 2018 a été de ne pas voir fermé ma porte à clef pensant que j’étais en sécurité parce que j’habitais au 6ème étage sans ascenseur à Paris.
Néanmoins aux yeux de la justice, ma seule erreur a été d’avoir appris à me défendre et d’avoir étranglé un homme tentant de me violer.
Alors maintenant, je vous le demande une dernière fois, justice est-elle toujours rendue ?
Et surtout qu’est-ce que rendre justice ? »